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Petits résumés
Sally Whispers
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L'Ami
Pouvoir : [Passif] Quand on regarde Sally, on voit la personne à laquelle on tient le plus au monde. Cette personne peut être une fille ou un garçon, jeune ou vieille, vivante ou morte, peu importe. Cette personne porte les vêtements de Sally. L'illusion n'est qu'une image, au touché, Sally est toujours Sally. ça ne fonctionne pas sur les photo/vidéos. ça fonctionne sur les reflets. La voix et les expressions sont celles de Sally.
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Sally Whispers
Ven 22 Fév - 1:29
http://la-voix-des-dolorey.forumactif.com/f87-bloc-de-sally-whispers http://la-voix-des-dolorey.forumactif.com/t40-sally-mal-aimee
si vous êtes vraiment motivés, vous pourrez lire ici les récapitulatifs (la trame totale et définitive) de tous les RP de Sally Whispers.
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Sally Whispers
Sam 23 Fév - 14:42
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First Step in France



Les voitures bercent mieux que les lits. Pourquoi ne dort-on pas dans les voitures ? Sans doute les fenêtres feraient-elles de médiocres coussins. Toujours est-il qu’on roule et que je somnole. Je ne peux pas dormir… bien-sûre… il fait trop froid, sans lui… j’ai besoin d’écrire depuis ce matin… tante Shirley refuse que je sorte mon précieux carnet pourpre. Elle ne veut pas que j’y touche du trajet. Nous sommes partis vers 7h, ce matin, juste aprèrs le petit-déjeuner. Tante Shirley m’a assuré que nous serions arrivés pour 17h. Elle a expliqué qu’ainsi, elle serait à Bourges pour 20h, où elle passerait la nuit. De là, elle n’aurait plus que 7h de trajet pour rentrer à Chatham, sans moi. Elle tient vraiment à me déposer dans ce pensionnat français.

Alors je laisse la France défiler sans résistance contre ma fenêtre. Il avait fallu des heures pour atteindre Paris, encore plus pour atteindre Orléan. La France était plus grande qu’il n’y paraissait. Tante Shirley s’est mise à me parler de son hôtel pendant un temps interminable, alors qu’on traversait Bourges. On était passé tout près de Montluçon, quand elle s’était arrêtée de parler de l’hôtel, pour maintenant faire la pub du « merveilleux musée de la résistance », des heures où j’aurais dormi, si tu avais été là. Le dernier monologue fut Clermont Ferrand, avant d’en venir enfin à Sainte Rosalie et à mon pensionnat. Elle ne dit que des choses que je savais, mais ça me remplissait d’un mélange de soulagement et de peur.

D’une part le trajet allait s’arrêter bientôt. Mais, d’autre part, je serais arrivée à Saint François, en France, enfermée, loin de toi, mon amour. Je retenais mon souffle et serrait les dents. Quelques gouttes s’effondraient sur la vitre, quittant mon corps dans un silence déchirant. La douleur se frayait un chemin dans le véhicule qui dévalait la route à toute vitesse. Je savais que, si on faisait demi-tour, si on allait en Allemagne, si on allait rejoindre Roydon, ou même si on rentrait, la douleur disparaîtrait. Mais on n’allait pas s’arrêter. Alors la douleur rampait, toujours et encore plus. Elle se tordait pour atteindre mon cœur et le presser toujours plus fort. Je la sentais pousser mes larmes hors de mon corps. Je la sentais me compresser. Bientôt, elle m’empêchait de me perdre dans les champs et les montagnes. Bientôt, elle me forçait à ne voir que son absence, les sièges vides à côté de moi. Bientôt, il n’y avait que Tante Shirley et moi, dans une voiture vide de vie, vide de mon cousin.

Je sanglotais, ignorée et blessée. Je n’avais aucune envie d’aller là-bas. Mais qu’importe, Tante Shirley s’en fichait. Je laissais mes larmes couler à flot. Je laissais ma peine se libérer. Je laissais la douleur me posséder et me secouer. Je laissais la mort me fixer, prête à me dévorer.

La voiture s’arrête dans un soubresaut. J’ouvre grand les yeux. Tout mon corps brûle. J’ai la bouche pâteuse. Est-ce dû au manque d’hydratation ? Est-ce que c’est autre chose ? J’ai mal. Tout mon corps tremble et se crispe. Je ne veux pas sortir. Je ne veux pas. Tout le monde va me fixer, ils vont parler, ils vont essayer de… non ! En plus, il n’est pas là ! On m’a toujours dit que c’était dangereux ! Je ne veux pas…

Le froid traverse par la portière. J’ai l’habitude du doux vent de la mer. Il fait beaucoup plus sec, en montagne. Je grimace. Le froid s’infiltre à travers le tissus de ma robe bleue et me tiraille. Un frisson violent parcourt mon corps. La main de Tante Shirley se tend vers moi. Je n’ai qu’une envie : la repousser et me recroqueviller. Mais mon corset ne me permettrait pas de me tordre ainsi. En outre, Tante Shirley ne me le permettrait pas d’avantage.

En désespoir de cause, j’attrape sa main ganté de noir, de ma main ganté de blanc. Elle m’accompagne dans ma rude descente de la voiture. Mes jupons refusent de coopérer. Je veux croire que c’est Dieu qui ordonne à ma Tante de m’envoyer auprès de Roydon. Il est mon âme-sœurs, nous sommes destinés à nous aimer, lui et moi. Mais il est loin… et il ne pourra sans doute plus me voir avant des années… à moins que la mort ne m’amène à lui…

D’autres larmes se déversent tandis que je finis de descendre. Tante Shriley s’éloigne pour chercher mes bagages, qu’elle dépose sommairement à côté de moi, du côté où il n’y a pas sa voiture. Nous sommes au milieu d’une petite ville étrange, peuplée de gens tout aussi étrange. Ma tante me jette un espèce de regard désolé. Je la supplie de mes yeux. Elle m’a interdit de dire quoi que ce soit avant que nous partions. Je serre les dents encore plus fortes, pour ne pas hurler.

“Everything is going to be alright.”

Elle m’adresse un sourire tendre, tandis que sa main caresse le bord de mon visage. A la façon dont elle a essayé de caresser le vent au-dessus de moi, je devine qu’elle voit Roydon, à ma place. De toute façon, je le sais déjà.
En tournant le regard vers la voiture rouge, il m’apparaît dans mon reflet. Je sursaute et une douleur me déchire. Quelque chose monte et gonfle dans ma gorge.

Rien n’ira bien.

Je ferme les yeux un instant. Je sens la chaleur du gant de tante Shirley disparaître. J’entends ses pas sur le sol. Je la sens qui s’éloigne. J’entends la portière qui s’ouvre, le siège qui se plie sous le poids de ma tante, la clé qui s’enfonce dans sa fente, la portière qui claque et le moteur qui se met en route. La voiture ronronne déjà, quand j’ouvre les yeux. Je l’observe s’ébranler lentement puis repartir aussi vite qu’elle était venue, me laissant seule, en France, dans le froid. Je ne suis même pas certaine que mon français soit bon.

Je reste immobile longtemps. Mais, alors que tout mon corps n’en peut plus de se tenir debout, j’essaie de le déplacer. Je dois rejoindre ma nouvelle maison. On ne veux plus de moi, chez moi. C’est mieux, ainsi. Je l’aurais tué. Je sens encore le froid incroyablement douloureux du papier, séparé de mon cœur par un peu de chair, d’os, de peau et de tissus. Je me souviens des mots de ma mère. Je ne dois pas tuer la mère de Roydon. Les larmes s’en fichent et fuient cette injustice, mourant seules sur le sol.

Je me meus le long du trottoir Français, jusqu’au petit portail de fer. Je presse le vieil interrupteur. Une voix résonne, quelque part, alors j’annonce, épuisée :

“I’m Sally Whispers.”

Un son aigüe raisonne. La porte cliquette. J’attrape la poignée glacée et l’abaisse. La porte bascule difficilement, en grinçant.

Me voilà seule, en France, dans un couvent.

Je pose mon sac contre la porte pour la maintenir et fait demi-tour. Un à un, j’amène mes bagages derrière la porte. Chaque fois, je sens leur poids tirer le long de mes deux bras, forcer sur mes épaules. J’ai la sensation invraisemblable que mes bras finiront pas s’effondrer. Pourtant, par une grâce divine, ils restent tout deux en place. Je repousse grossièrement mon sac et m’immobilise, essouflée. La fatigue mordille chacune de mes cellules.

La porte de fer émet un claquement sec.

J’ai mal. Ma tête tourne de plus en plus vite.

Le décors tourne. Il se rapproche.
Pourquoi suis-je à terre ? Il y a une seconde, j’étais encore sur mes jambes.
Peu importe.
Sans doute le sol est-il la dernière personne à vouloir de moi, de toute façon. Pourquoi qui que ce soit se soucierait de moi, sinon le sol ? Je suis Sally Whispers, la fille qui tua sa propre mère, envoya son cousin et son amour dans une souffrance éternelle et qui poussa sa propre tante à l’envoyer au loin. Je ne suis personne, après tout. Je suis la toute la souffrance des émotions, réunie en un seul endroit.

« Euh… Hello… Can I… Help you ? »

De l’anglais ? Je sursautai à demi, un peu entravée par la gravité, et tentai de me redresser suffisamment pour voir mon interlocuteur. Je ne voyais que ses jambes, de magnifiques jambes, d’une beauté incomparable. Et cet accent français, que j’avais toujours trouvé insupportable, avait désormais un air séduisant et doux, parfaitement magnifique. Je su, comme instinctivement, que notre destin allait se lier. Je su que je m’offrirais à elle pour une parole. Tout mon être voulait entrer à son service.

Poussée par la force de cette passion nouvelle, je me relevai, sans la quitter des yeux une seconde. Doucement, à mesure que je m’élevais, se dessinait la silhouette toujours plus parfaite de la française. Elle était d’une beauté incomparable, et avait dans ses yeux quelque chose de Whispers. Mon cœur manqua un battement, quand je vis sa détresse. De quoi a-t-elle peur ? Que puis-je faire pour la rassurer ?

“I’m sorry, my lady. I didn’t expect to fall on the ground. But now I’m up, I will make it all right. May I have the pleasure to know your name?”

Mon sourire se dessina de lui-même, à la contemplation de sa beauté parfaite. Ma curiosité se mêlait à mon envie de faire éclore son bonheur. C’était comme si mon âme c’était agrippée à la sienne, comme si le Destin l’avait déposée face à moi, dans la beauté de la fortune.
Enfin, il me souriait. Cette femme ne pouvait être qu’un cadeau de la providence, un cadeau à qui je devrais m’offrir, toute entière, un cadeau dont je devrais combler le moindre caprice. Elle ne pouvait être qu’un fragment du paradis, échoué sur terre. Elle ne pouvait être que la plus belle créature que Dieu n’ait jamais faite. Elle ne pouvait être que la personnification du désir et l’amour, de la beauté la plus pure et malsaine, la plus vraie et irréelle.

« Alors… »

Sa voix était un chant doux et mélodieux. C’était un chant exotique, venu de l’autre côté de la mer, un chant de sirène. Pour elle, je m’effondrerais volontiers sur les plus violents rochers de l’océan. Pour elle, je plongerais au fond de la manche. Pour elle, je décrocherais les étoiles du ciel pour éclairer le paradis qui l’entoure.

« Euh… »

Son hésitation était adorable, presque autant que l’était son visage d’ange. Elle rendait sublime tout ce qui se trouvait ici. Si vivre à Saint François signifiait la voir au quotidien, il n’y avait aucune raison d’hésiter : il fallait se réjouir. Elle était parfaite dans sa beauté, parfaite et merveilleuse.

« I speak a little in english… »

Son accent mal assuré, ses airs de France, si séduisants, si troublés… Elle était la Pandora grecque. Elle était cette femme qui portait toutes les qualités. Elle était la plus belle, à la voix la plus douce, à l’odeur la plus enivrante. Il ne me restait plus qu’à passer ma vie dans ses bras. Quelle vie merveilleuse ! Une vie dans ses bras…

« But… »

Quoi ? Mais pourquoi hésites-tu ! Cette vie à tes côtés serait la plus merveilleuse de toutes les vies ! Mais sans doute la perfection se mérite-t-elle… très bien, ça ne fait rien ! Pour recevoir tes ordres et tes coups, pour recevoir ta rédemption, je pourrais faire n’importe quoi ! Je pourrais manger trois fois par jour, je pourrais courir un marathon, je pourrais hurler à la lune ou me rouler dans l’herbe fraiche. Pour toi, ma douce étrangère, je me damnerais.

« My name is Tintallë. »

Tintallë… La belle étrangère au nom unique… en es-tu consciente, ma douce perfection ? Tu existes sans avoir besoin d’être vue, tu existes au-delà du regard, au-delà de cette chaleur que tu offres à mon âme, au-delà de mon cœur que tu colonises. Tu existes, juste par ton nom. Personne d’autre ne le possède, personne d’autre ne le sublime. Ce nom si particulier, Tintallë, tu le rends parfait. Etant associé à toi et à toi seule, il ne peut être que perfection. Le sais-tu, Tintallë ? Tu offres toute ta grandeur à un simple mot, simple mot qui devient à son tour fragment de paradis.

« Je suis ravie de te rencontrer… »

Ravie ? Tu es ravie ? Ton ravissement ne peut-être que faible à côté de l’allégresse sans borne qui m’habite. Ta voix ralentit, douce et mélodieuse, tu appuies sur chacun de tes mots. Tu penses à moi, n’est-ce pas. Pour toi, mon amour, j’apprendrais ton accent. Il est si parfait ! Je veux l’entendre dans ta bouche, je veux le sentir contre tes lèvres. Il est si beau… si merveilleux…

Je pourrais tout faire pour t’entendre encore parler, de cette voix qui me rend si heureuse, de cette voix qui m’enchante. J’ai appris ta langue et ton accent ne m’effraie pas. Sais-tu comme je l’aime ? Ne ralentis surtout pas. Je t’en prie… reste toi-même, puisque tu es une personne si unique, si fantastique, si merveilleuse. Je t’en prie, ne fais pas de moi ta bride alors que je veux être tes ailes. Je veux te pousser au bonheur, te permettre de voler plus haut. Je veux que tu sois la plus heureuse des femmes, aussi heureuse que belle, aussi ravie qu’enivrante. Je veux que tu vives mon bonheur comme s’il était tien. Je veux que mon allégresse de t’avoir en face de mes yeux devienne tienne. Je veux devenir tienne, que mon être t’apporte de la joie et tout ce que tu désireras qu’il t’apporte…

« Sally, »

Ai-je l’honneur d’avoir marqué ton esprit, assez pour que tu retiennes mon nom ? Tu ne mesures pas comme j’aime l’entendre, avec ta voix. Tu ne mesures pas comme il me plaît de te l’entendre dire, tant que je ne m’en lasserais sans doute jamais. Je pourrais l’écouter jour et nuit. Je n’ai jamais trouvé ce nom spécial mais, comme tout ce à quoi tu peux t’intéresser, il est devenu or devant tes yeux. Rien ne peut résister à ton aura de grandeur, rien ne peut rester laid ou faible à tes côtés. Tu rends la couleur vive et le soleil chaud.

Je n’avais jamais entendu comme ce nom était beau. Maintenant, pourtant, il résonne dans ma tête comme la plus belle musique que je n’aurais jamais entendue. Je l’entends, porté par ta voix parfaite. Je l’entends chanter et emporter toute ma douleur et ma peine. Je t’entends encore et encore, appeler mon nom de ta voix parfaite… je t’entends et je ne m’en lasse pas. Oui, ma douce et mon adorée, appel moi encore… comme j’aime entendre ce nom que j’abhorre, portée par cette voix que j’adore… ce paradoxe si doux me transporte…

« C’est bien ton prénom ? »

Je ne peux que timidement hocher la tête. Comment parler, quand ma voix n’est qu’un râle désespérément fade, à côté de ta merveilleuse symphonie ? Tu ne mesures pas le bonheur que ça représente… la simple idée que tu puisses me laisser une place, même infime, dans ta mémoire… tu ne mesures pas le bonheur que ça représente… de devenir un peu plus proche de ton cœur… j’aimerais tant m’y faire une place… enchaîne-moi… fais de moi ta chose et frappe moi… fais de moi un ange, fais de moi ton ange, ton ange personnel… je ferais tout ce que tu veux… je serais ta chose…

Si tu pouvais m’appeler, me demander… je serais à toi… donnes-moi n’importe quel ordre… demande moi tout ce que tu veux… tes désirs sont dores et déjà les miens… je les chéris comme je chéris ton image, comme je chéris le son de ta voix qui me parle, comme je chéris déjà le souvenir de notre rencontre. Mon cœur est à tes pieds, où je me trouvais une seconde plus tôt. Si Dieu t’a mené à moi, c’est uniquement pour que je te serve. Mais tu dois déjà t’en douter, n’est-ce pas ? Je ne suis rien, à côté de toi…

« Est-ce que tu parles Français ? »

Bien-sûre, ma dulcinée, pour toi je ferais tout. Je t’aime si fort… mais je parle le français depuis des années, tu sais… chez moi, tous les enfants de bonne famille l’apprennent… et c’est une langue si belle, dans la bouche de la plus belle des française. C’est une langue si parfaite… comment pourrais-je ne pas désirer l’apprendre, de tout mon cœur ?

Je le parlerais, autant que tu le désire. Si mon accent t’es agréable, je le conserverais. Si tu le hais, alors je le brulerais. Si tu m’aimes, alors je serais le monde et tout ce qui l’entoure. Si tu me hais, je ne serais plus rien qu’une chose que tu peux détruire. Je suis et je serais tout ce que tu veux pour moi… évidemment… je t’aime et tu le sais… évidemment… alors pourquoi me laisser attendre ? Fais de moi ce que tu veux, tu n’as rien à faire sinon m’ordonner… je serais à toi, je serais façonnée à ta guise, au gré de ton doux désir.

« ça m’aiderait beaucoup. »

Tout ce que vous voulez, ma douce. Pour vous, je pourrais arrêter de boire du thé… pour vous, je me passerais de mon nuage de crème… pour vous, je boirais du café… pour vous je pourrais être tout et rien… je pourrais être votre chose ou usurper votre splendeur… pour vous je serais tout… si vous pouvez m’accorder ce regard si beau, ce regard que vous accordez à la personne que je représente pour vous… si vous pouvez encore me parler de cette voix parfaite… si vous pouvez simplement vous tenir à mes côtés…

« B…B…Bien sûre… »

Ma voix tremble encore plus que mon corps, tandis que mes yeux te dévorent… Toi, la française magnifique, la française merveilleuse, la française de perfection… je t’aime et je t’admire… je t’aime et je ne désire qu’être tienne… je ne désire que ton sourire, la douceur de tes soupirs… je ne désire que ton bonheur le plus vrai, le plus pure… je veux te voir heureuse, je veux faire éclore sur ton visage un sourire, je veux que ces yeux si beaux me voient comme je suis, je veux que ce regard soit pour moi…

« Que dois-je faire ? »

Ordonnez-moi, puisque je suis votre… faites-de moi votre esclave… faites de moi qui vous voulez… vous, ma muse et mon aimée…. Dites-moi, dictez-moi…
Je suivrais vos ordres, peu importe où ils me mènent. Vous savez, cet amour que je vis, ils muent mon cœur tel que vous souhaitez le voir. Mon visage est celui d’un être que vous aimez et je vous aime plus encore que vous aimez mon visage. Votre volonté, même la plus infime, devient en mon être un désir incontrôlable, dés lors que j’en ai pris connaissance… vous savez… Tintallë… je vous aime, alors vos désirs sont des ordres et vos ordres des désirs…

« Tu pourrais commencer par répondre à cette question. »

Une question ? Cela est très simple, ma mie, je répondrais à toutes les questions que vous pourrez me poser. Je me mettrais à genou et je vous implorerais d’écouter ne serait-ce qu’un seul de mes mots. Si vous voulez savoir quoi que ce soit, demandez, je suis à vous. Votre objet ne saurait vous dire non… je ne suis pas et je n’ai jamais été, mais ce que je ressens en vous regardant est plus réel que tout ce que j’ai bien pu vivre. Je sens cet amour en moi et il grandit et il me rend forte. Je suis folle de vous, ma mie. Je voudrais bien vous dire tout ce que vous voudrez…

« Je peux t’aider avec tous ces bagages ? »

Mes bagages ? Vous voulez vous embarrassez de mes bagages ? Mais pourquoi feriez-vous cela… ma chérie. Vous risqueriez de vous faire mal, regardez comme ils sont…
Lourds.

Mon regard se perd sur les valises et quelque chose se brise. J’ai encore le goût amer de mon amour pour cette femme, dans mon cœur. Mais quand je regarde vers le carnet pourpre, bien caché dans mes bagages, je ne peux m’empêcher d’avoir mal. Mes yeux s’ouvrent rond et je recule d’un pas. Roydon… je t’avais… oublié ? Comment ? Les larmes suicidaires emplissent mes yeux. Ma vie et mon amour, mon cousin et mon héros, mon ange qui a promis de laver mes pêchers. Quel monstre aurait pu cesser de penser à toi, ne serait-ce que pour un instant ? Je suis ce monstre… je suis un monstre !

Tes douces mains s’avancent vers mes précieux bagages. Elles sont si belles et je les aiment tant… si tu le désires, pourquoi devrais-je te le refuser ?
Je suis un monstre, pourtant, vois-tu… je t’oublierais en un instant, sans doute, en un regard. Je suis un parasite, alors tu ne devrais pas te donner cette peine, mon aimée. C’est pour ton bien uniquement, tu le sais, n’est-ce pas ?
Mais tes mains s’avancent vers cette valise, et je ne saurais te dire non. Je vois ces bras agiles et robustes, doux et fins, et si féminins et incandescents, dans leur froideur indécente… je ne devrais pas les regarder de ces yeux ! Je ne devrais pas ! Je suis un monstre ! Je suis négative et je te briserais en petit morceau ! Tu seras là, à dormir en Allemagne, perdue dans la souffrance, et je t’appellerais à l’aide comme si ta détresse ne comptait pas ! Je serais le pire des monstres ! Je suis d’un égoïsme vicieux ! Je te ferais du mal, tu le sais ! Pourquoi t’intéresser à moi… ?

« Si vous y tenez… »

Je détourne mon regard vers le sol. Mes yeux ne méritent pas toute cette… cette…

Mes bagages ! Le carnet pourpre ! Roydon ! On veut m’enlever Roydon ! Ma tante veut qu’on m’enlève Roydon ! Je réagis vite et interrompt ton mouvement, toi qui veut me les voler. Mais pourquoi te violenterais-je, toi qui est si belle ?

« Excusez-moi… »

Je recule encore, tremblante. Si je continue, je rencontrerais le portail. Pourquoi voulais-je t’interrompre ? Je ne sais plus… tu es trop belle, trop merveilleuse, pour que je puisse me concentrer sur autre chose…
Codage par Libella sur Graphiorum
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Sam 23 Fév - 14:45
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Say Hello to the room-mate

ft. LESOI Eloane

Sally peut enfin retrouver sa chambre après une journée d’attente et bien des rebondissement. Elle va y rencontrer Eloane, sa camarade de chambre.  

La bonne soeur marche vite… trop vite… j’ai envie de m’arrêter, de faire une pause. Mais elle ne s’arrête pas jusqu’à ce qu’on arrive devant la porte. Là, elle posa mes valises et s’écarta d’un pas. Le carnet pourpre.
Je m’élance et attrape les valises de mes deux mains, même si je sais qu’elles seront dures à porter.

« Voilà mademoiselle. »

Je regarde vers la sœur. J’avais oublié sa présence. Quelques cheveux blonds tombent en mèches fines sur son visage. Elle a l’air anglaise… pas comme les autres. Je la fixe en silence. Quand je parle, les gens s’énervent. Elle ne me regarde pas comme les autres. C’est comme si… comme si elle ne voyait pas la même chose.

« Votre camarade de chambre est arrivée il y a quelque jours. »

Ma camarade de chambre ? Je retiens mon souffle. Je vais avoir une camarade de chambre ? Mon cœur s’affole, de terreur bien sûre. L’enfer que j’avais prévu s’effondre devant mes yeux avec la tristesse d’un paradis perdu. Ce sera pire que prévu…

« J’espère que tout se passera bien. »

Elle sourit. C’est affreux. Je sais qu’elle ne me voit pas. Ce n’est pas à moi qu’elle adresse ce sourire. Ce n’est pas à moi que s’adresse sa sollicitude. Elle ne pense pas à moi mais à la personne qu’elle voit. Ce n’est pas mon expression déchirée qu’elle ne supporte pas, mais celle de quelqu’un d’autre. Je ne bouge pas tandis qu’elle s’en va. Tout le monde finit par s’en aller…

A cette pensée, la vision de ma mère me bondit au visage. La corde autour de son cou rougit et bleuit. La police. L’odeur de mort. La lettre. La douleur. A sa suite, cette de Roydon ne tarde pas. Cette journée calme. L’avertissement. La douleur. La chute. La descente aux enfers. J’enlace mes bras en réflexe. Je suis seule, la seule à m’enlacer, la seule à le pouvoir.

Où es-tu, toi que j’aime plus que moi-même ?
Tante Shirley m’a enfermée loin de toi. Pourquoi faire ça ? Ce n’est pas comme si je pouvais t’atteindre, après tout ! Je te vois dans la fenêtre du couloir, dans ce cadre de verre qui donne sur la cour. Tu flotte au-dessus du vide et tes yeux rouges me fixent. Tante Shirley… elle a même demandé à ce que quelqu’un prenne ta place à côté de moi. C’est ignoble ! Je sens les larmes s’écouler, dans l’espoir vain de te rejoindre quelque part. Je ne devrais pleurer… ce n’est pas poli…

Je ne supporte pas que tu sois loin…Et pourtant… tu es toujours loin… et je ne peux toujours rien y faire…

La peine me compresse et me déchire, tandis que je suis seule à pleurer dans ce couloir. Si je n’ouvre pas la porte, c’est comme s’il n’y avait rien derrière, pas vrai ? Tout ceci ne peux pas être vrai… je n’ai pas envie que quoi que ce soit de cette journée soit vrai… je veux que tu reviennes… rien d’autre ne peut être réel… le sol est tout ce que je verrais. Je ne peux rien voir d’autre, sinon toi. Peut m’importe la personne dans cette chambre. Elle ferait mieux de se trouver quelqu’un d’autre, je ne veux personne d’autre que toi. J’ai mal. Je ne peux pas laisser quelqu’un d’autre entrer dans ma vie. 

Si j’ouvre la porte, j’accepte ce qu’il m’arrive, il ne faut pas. En plus, elle… elle pourrait voir n’importe qui. Ma camarade pourrait voir en moi une personne qui lui a fait du mal, une personne qui ne pourrait sans doute pas être moi… elle pourrait s’en prendre à moi, me voir comme un vieillard ou une enfant ou même un homme. Je ne veux pas être quelqu’un d’autre…
Je ne veux que être la Sally que tu vois, Roydon… pourquoi devrais-je être la personne chère d’une inconnue ? Pourquoi devrais-je encore cesser d’exister au quotidien, une nouvelle fois ? Ces trois ans n’étaient-ils qu’une pause dans mon malheur. Je ne veux pas y croire. 

« Come back to me… »

Je sanglote, serrant mes valises au point d’en blanchir mes phalanges, au point que la hanse s’imprime sur ma peau fragilisée par le froid. Les courants d’air du couloir me font frissonner dans mes sanglots plus ou moins bruyants. Je devrais les taire… elle pourrait vouloir me chercher… mais je ne devrais pas retenir mes pleurs… tu dois les entendre… je dois te les dire… je dois t’écrire… je t’aime, Roydon…

Enfin, j’entends une porte cliqueter à ma droite. 
Quelqu’un sort. 
On va me voir, c’est sûre. 
La porte s’entreouvre. 
J’entends un rire. 
Ça me paraît être une personne normale. 
Il y a une chance que ma camarade soit absente. 

Pas le temps de réfléchir plus. Je lâche un sac, enroule mes doigts autour de la poignée, la tourne, fait voler la porte à toute allure, jette une valise, pousse l’autre du pied et me faufile à l’intérieur avant de fermer prestement la porte. 

Je suis sauvée. 
Rassurée, je pousse un long soupire soulagée, me laissant aller contre la porte. Je sens l’armature de mon jupon se plier pour me laisser faire. Je souffle, les yeux fermés, dos à la porte, mes affaires toujours bien rangées dans leur valises, elles-mêmes étalées sans ordre sur le sol. 
J’y suis. 
Je suis dans ma nouvelle chambre. Je dois ouvrir les yeux. 
Mais je n’en ai aucune envie… ma camarade de chambre pourrait être là… je ne peux pas faire ce que ces filles font… 
Mais je dois ouvrir les yeux…
Je ne peux pas les garder fermer…

Tant qu’ils sont fermés, je revis ton départ. Ça me fait trop mal, Roydon… je ne sais pas quoi faire… libère-moi, je t’en supplie…
Fais quelque chose… peut m’importe quoi… mais je ne supporterais plus ça longtemps… tu t’es effondré… tu t’es volatilisé dans mes bras. Alors que je m’élançais vers ton corps, je savais que ton esprit s’égarait. Mon Dieu comme je m’en veux ! J’aurais dû prendre d’avantage soin de toi ! Tu dois venir me punir… Je sens le sel de mes larmes grignoter mes yeux clos. Je sens encore le contact frais de ton corps animé, la douleur qui me transperça si soudainement et si violemment que j’en avais hurlé, comme jamais encore. Je n’en peux plus. Je veux crier. Save me, Roydon. 

« B…B…Bonjour… »

Une voix. Je m’immobilise, comme une statue. Je ne dois pas bouger. Peut-être… peut-être qu’elle ne me verra pas ? Je respire plus lentement et commence à ouvrir les yeux. 

La lumière vive de la pièce ne me permet pas de voir quoi que ce soit. Pourtant, je sais que ma camarade est là, quelque part. Elle doit regarder cette personne à qui elle tient, l’observer et se demander ce qu’elle fait dans ce pensionnat. Allez Sally ! Prends sur toi ! N’est-ce pas ce qu’il aurait voulu ? Que cette lumière te brule et te blesse ? N’est-ce pas la volonté de Dieu, de mette là cette jeune fille, pour tester ta foie, pour t’arracher le cœur, pour voir si tu plieras tel un roseau ou si tu t’arracheras à ta foie tel un chêne ? Ce doit être cela. Tu dois accepter de la voir. Et… tes manières…

« Excusez-moi… »

Mon accent est vraiment déplorable, n’est-ce pas ? J’espère qu’elle ne me prends pas pour… tant pis. Au moins, elle verra que je ne suis pas ce qu’elle voit. Je me redresse et ouvre les yeux pleinement. 
Le blanc laisse place, graduellement, à une chambre de boarding school, tout ce qu’il y a de plus classique. Mes affaires trônaient sans ordre sur le sol, tandis que l’autre fille avait rangé les siennes. 

D’ailleurs, cette autre fille. 
Elle avait des cheveux roux et des yeux verts larmoyant. Elle semblait pratiquement aussi perdue et blessée que… 
Non. 

Mais elle semble vraiment être un animal blessé aussi. Dieu, pourquoi la mettre sur mon chemin ? Dois-je la guider ? Je n’en suis pas capable ! Je suis un monstre ! Que faire ? 

« Je… bonjour… »

Doucement, je me décolle de la porte pour m’avancer vers mes affaires. La jeune fille, assise sur son lit, m’observe. Elle n’a pas l’air méchante, avec ce gros flot noir dans ses cheveux roux. Elle a même l’air… gentille… on ne dirait pas qu’elle me veut du mal… que voit-elle ?

« Je m’appelle Sally Whispers. Je suis votre room-mate, désormais. »

Je ramassais mes affaires et les tirait au bord de mon lit, empilées en ordre. J’étais maintenant dos à elle, face à mon nouveau lit. Je devinais que ma cohabitation serait difficile. Mon lit était à droite de la porte. Mon armoire était proche du bureau. Là, je vis l’horreur : deux fenêtres, tout près des bureaux. Je me voyais déjà me perdre dans son visage. Ravalant ma salive, je fis face à ma colocataire, feignant un sourire raté.

« Bonjour »

Elle avait un accent très français, c’était certain maintenant. 

« Je… »

Tu… ? Es ma colocataire ? Je sais, je l’avais compris, je crois… peut-être es-tu autre chose… y-a-t-il autre chose que je suis censé savoir sur toi ? 

« Je… »

Tu… ? ça ne va plus… je n’arrive pas à savoir d’où ça vient, cette répétition du sujet. Est-ce que j’ai fais quelque chose de mal ? Vois-tu quelqu’un en moi ? Oui, sans doute. Qui est cette personne… ? Tu ne me crois pas, quand je te dis que je suis Sally Whispers ?

« Je… »

C’est ça. C’est un homme, c’est ça ? Tu as peur qu’il ait subitement « changé d’identité ». C’est ridicule ! Même dans ce cas, tu ne devrais pas paniquer autant…si ? Je n’en sais rien, en fait. Je n’ai pas connu assez de monde pour le savoir… après tout, personne ne me voit, alors…

« suis un monstre… »

Quoi ? Je me fige. Un monstre ? De quoi elle parle ? JE suis un monstre. ROYDON était un monstre. Serait-elle… comme nous ? Qu’a-t-elle fait de si terrible ? C’est juste impossible. Dieu, ô grand Dieu qui m’a amené Roydon et qui a lié nos destins, est-ce une autre chose de ton œuvre ? Je devine la réponse du tout puissant dans ses yeux larmoyants. Elle a ce regard. C’est un animal blessé, n’est-ce pas. Alors… qu’est-ce que je suis sensé faire ? 

« Les monstres n’enseignent pas aux monstres à devenir des anges, ils ne peuvent pas… »

Alors… je devrais… suis-je toujours un monstre ? Sans doute, sinon Tante Shirley ne m’aurait pas jetée dehors… alors… je dois demander de l’aide à un ange ? Tel est ton message, ô Dieu tout puissant ? Je ne sais pas… je ne peux pas lui demander, si… ? Les démons ne doivent pas demander… mais… je ne veux pas la laisser… j’ai eu de la chance, alors que personne n’est aussi terrible que moi… alors… alors… je dois l’aider, n’est-ce pas ? Je dois mettre un ange sur sa route, pour qu’elle aussi voit le paradis. 

« Mais je connais un ange… je suis sûre que Roydon sera ravi de… »

T’aider. Mais il ne peut pas. L’écrasante réalité me met une claque. Je sens mes yeux s’ouvrirent plus grands que jamais, je sens les larmes qui s’échappent à grosses gouttes loin de mes yeux. Je sens que je ne les reverrais jamais, comme je ne le reverrais peut-être jamais. J’ai mal. Tout mon corps se met à s’enflammer. Ce n’est pas le genre de feu qui muerait tout péril en une chose merveilleuse et fantastique. Non. C’est le genre de feu qui vous brûle et déchire, qui carbonise votre bonheur pour ne laisser que des cendres noires de tristesse et de douleur. 

Il est parti. Il ne pourra pas l’aider. 

Je me laisse tomber assise sur mon lit. De toute façon, j’ai trop mal pour être debout. Je ne peux plus respirer. Mon cœur se déchire. L’absence de ses étreintes me compresse et m’écrase. Je suffoque. Mes larmes courent loin de moi, s’échappent dans l’air vers lui, laissant l’humidité de la solitude et des adieux sur mes draps. Elles roulent sur mes joues dans une dernière étreinte et s’effondre, se brisent et se mêlent à la terre. Elles jouent encore et encore sa chute. 

« Il ne pourra pas. »

Ma voie n’est qu’un râle difficile, se frayant un chemin dans ma gorge enflée de douleur contenue. Je veux hurler, mais la pression est trop grande, l’absence est trop douloureuse. Mon cœur est devenu la prison de mes hurlements, la prison de ma douleur. Je me déchire et plus personne n’y pourra rien, sauf lui. J’ai mal. J’ai mal et c’est tout ce qui compte, parce qu’il est parti. Pourquoi je devrais penser à une autre personne que lui ? Ça ne fait qu’un mois. Je suis monstrueuse… Tante Shirley a eu raison de me jeter en France.
Je ne fais que du mal.

Et là, comme pour me donner raison, ma colocataire fond en larme. Son corps est secoué de tremblements, son souffle est transpercé de sanglot. Les larmes s’échappent d’elle à une vitesse fulgurante. Comme les miennes, elles fuient et plongent vers le sol, pour former de petites flaques brillantes. Elles fuyaient, plongeaient et s’écrasaient en éclatant sur le sol, couvrant un petit rayon autour de leur chute, tentant sans doute de se retrouver. Elles s’éloignaient des monstres que nous étions pour rejoindre la nature, tout simplement. 

Je lui ai fait du mal. C’est forcément moi, parce qu’il n’y a que nous. Je serre mes lèvres et mes poings aussi fort que je peux. Je dois me taire. La pression de mes ongles contre ma peau me laissera une marque. Je dois l’ignorer. Je dois souffrir encore. Je dois souffrir plus : j’ai fait le mal. Je dois être punie. J’ai failli à la mission de Dieu, je ne mérite pas son aide. 

« Excuse-me »

Comme si j’étais excusable… je suis un monstre de la pire espèce. Un ange a tout fait pour me changer en ange. Un ange a tout fait pour me sauver. Un ange m’a offert son temps, son énergie et toute son attention. Qu’est-ce que j’ai fait ? Je l’ai envoyé au loin, entre la vie et la mort. Je l’ai envoyé dans une souffrance qui ne s’arrêtera plus jamais. 

“I’m the monster here.”

Mes larmes et les siennes s’adonnent à une course de vitesse. Elles sautent, toujours plus grosses, toujours plus vite, toujours plus brûlantes dans leur humidité. Je veux hurler son nom, l’appeler à l’aide. Comme c’est égoïste… il a déjà tellement donné… pourquoi il devrait encore faire quoi que ce soit ? Je ne peux pas être sauvé… c’est égoïste de l’appeler à l’aide… je dois faire plus d’effort… je suis un mauvais monstre, je n’essaie pas assez… je suis mauvaise. Je suis méchante. Je suis toxique. Je ne dois pas appeler son nom… je vais le briser… comme les larmes… il va tomber, il va bondir et s’écraser et éclater sur le sol. Il y aura des morceaux brisés de Roydon, luisants, immobiles sur le sol, des morceaux qu’on ignorera simplement. Je ne veux pas. Je ne veux vraiment pas… Mais c’est ainsi… et nos larmes tombent encore, tel des pluies de peine, des pluies de lames sorties de mon cœur pour s’en prendre au sien. Des pluies de lames qui la déchirent et arrache sa peine par ses yeux, en torrent ignobles et insoutenables. Je viens de la rencontrer, mais je pensais pouvoir être là pour elle… je crois que je l’appréciais… je crois que Dieu l’a fait pour ça. Je dois être punie… je n’essaie pas assez d’être un ange… alors il lui fait du mal, parce que je l’aime bien…

« N-Non… »

Si, c’est forcément ça. Tu parles de choses que tu ne comprends pas. Je suis née pour tout détruire. Mon père est mort trois jours après ma naissance. C’est forcément ça. Dieu sait que je ne suis pas une brebie. Je suis le loup dans le troupeau. Il doit me faire du mal, pour m’éloigner de ses enfants. Je suis nocive et je te détruis, comme j’ai détruit ma mère. Sa lettre contre mon cœur me coupe et me déchire, au fond de moi, comme si cette pauvre feuille de papier pouvait atteindre mon âme. Elle est morte. Elle s’est enlevée la vie à force de supporter la mienne. Je ne peux pas être innocente, tu sais. J’ai tué ma propre mère. 

« Tu n’y est pour rien, »

Tu sais combien de personnes ont dit ça ? Tu sais ce qui s’est passé ? Ma mère avait mal ! Elle souffrait tous les jours un peu plus ! Mon péché avait tué mon père ! Elle pleurait ! Elle le voyait en moi. Mon premier visage était ma première victime. Je maudis ce que je deviens… ça ne peut être que ça… parce qu’il est mort… alors que j’étais lui, à ma naissance… Et Tante Shirley m’a dit que j’étais Roydon, pour elle. Et il n’y a plus de Roydon. Il est parti très loin. Les médecins disent qu’il pourrait ne jamais revenir. Alors je sais que j’y suis pour quelque chose. Je suis le monstre qui les a détruits. Tous autant qu’ils sont. 

« ne t’inquiète pas… »

Comment faire ? En sachant que tout ce que je touche se change en cendre… la souffrance aurait dû être ce qui allait me changer en ange… c’est ce qu’il disait, tu sais. Il me le répétait chaque fois que ma peau était marquée de rouge, chaque fois que mon sang s’échappait de moi, chaque fois qu’il me punissait. Il disait que j’allais arrêter d’être un monstre, à force d’apprendre à être à lui. Mais, même ça, je n’ai pas su faire. Celui qui m’a aidé à devenir un ange est parti. Je n’ai pas trouvé de moyen de construire mon aile. Je suis un monstre, et rien de plus. S’il n’a rien pu faire, alors je ne serais jamais plus…

Je m’inquiète, parce que je suis un monstre. Il pourrait ne jamais me revenir. Sais-tu comme ma peine est grande ? Sais-tu comme il me manque ? Peux-tu l’imaginer ? Il était tout. Il était le soleil, la lune et les étoiles. Il était le néant entre chaque parcelle de Quartz. Il était ce qui faisait de ma vie une vie. Il voyait un visage sur moi qui n’était qu’à moi. Il me voyait comme une personne, quelque chose qui existe vraiment, sans voler l’existence de qui que ce soit. Je me suis maudite moi-même, avec lui. Parce que je suis devenue encore plus égoïste. Je l’ai pris et je me le suis approprié. Je n’aimais pas le voir frapper d’autres personnes, punir d’autre personnes, corriger d’autre personnes. Je voulais être le seul monstre qu’il ramènerait au paradis. J’étais mauvaise. Je suis mauvaise. Je ne deviendrais jamais rien, s’il ne revient pas m’aider. J’ai besoin qu’il m’ordonne. J’ai besoin qu’il me dicte la personne que je dois être. Je ne peux pas faire sans. Et je ne sais pas s’il va revenir ! Comment veux-tu que je ne m’inquiète pas ? Sais-tu seulement à quoi ressemble ce que je vis ? Sais-tu seulement comment tout est devenu insupportable ? Sais-tu seulement ce que c’est de ne pas savoir ? 

Tu ne sais pas. 

« Et ne t’inquiète pas »

Arrête ! Tais-toi ! Tu ne sais pas ! Tu ne le connaissais pas ! Mes larmes vont plus vite que les tiennes, maintenant. Son visage hante mon esprit. Il prend toute la place et mes larmes s’échappent, chassées par son souvenir. Je l’entends encore me dire qu’il m’aime. Je l’entends encore me dire qu’on finira nos jours ensemble. Je l’entends encore me promettre qu’il fera tout pour me changer en ange. Je l’entends encore, dans ma tête, me dire que je suis la plus belle chose qu’il lui soit arrivée. Je sens encore sa main sur mon épaule, dans ce poste de police. J’entends encore sa voix. Je sens encore son odeur. Je me souviens de la douleur, des heures de pleurs et de sang. Je me souviens de toutes ces choses qui rendaient ma vie plus belle. 

« pour ton visage… »

Je n’en ai pas ! Je suis tout le monde et personne ! Je n’ai plus de visage si personne ne peut le voir ! Je n’ai pas de visage alors je ne suis pas ! Tu comprends ? Oui. Ça doit être pour ça que tu penses que je peux ne pas m’inquiéter… Je ne suis pas… c’est étrange que je puisse encore être inquiète… puisque je ne suis pas… j’ai besoin de lui… il me rendait quelqu’un. Il me voyait. Il disait que j’avais les cheveux roux. Il disait que j’étais jolie. Il me voyait comme sur les photos, comme sur les vidéos. Il me voyait comme personne ne m’a jamais vu. 

« Ce n’est pas grave »

Comment penses-tu que ça ne soit pas grave ? C’est forcément grave de n’être personne… tu ne comprends sans doute pas… tu es quelqu’un… tu es quelqu’un à qui je fais du mal… mais moi, je ne suis personne, et je ne serais jamais autre chose que personne… No Face No Being. Il me l’a toujours dit. Sans lui, je ne serais plus. Tant qu’il n’est pas avec moi, je ne suis plus. Mais tant qu’il est là, ça n’a aucune importance. Ce n’est pas grave. Parce que je peux rester une personne à ses yeux uniquement. Je l’aime, alors il est tout ce qui compte. Mais il n’est pas là. Mes plaies se referment et il n’est pas là pour les rouvrir. Et ça me fait bien plus mal que tous ses couteaux, que tous ses jouets. Ça me fait bien plus mal que tout ce que j’ai pu vivre. Je suis un monstre. Mon amour me manque plus que ma propre mère. 

« si je vois du flou »

Tu vois du flou… ? De quoi parles-tu ? Ce que tu dis n’a aucun sens. Ça n’a aucun rapport avec ce qu’on disait, tu sais ? Je ne te comprends vraiment pas… ça doit venir du fait que tu es quelqu’un… vous devez avoir une autre façon de fonctionner… 

« A longueur de journée »

Très bien, je vois. C’est gentil de préciser… comme ça je sais, je sais que vous êtes ainsi à longueur de journée… c’est gentil… alors tu n’es pas un monstre… tu comprends ? Tu es simplement étrange. Tu as une façon insensée de communiquer, et tu t’éloignes complètement du sujet. Mais tu ne t’en rend pas compte, n’est-ce pas ? 

« je m’y habitue déjà »

C’est ce que je me disais, aussi… enfin… tu es une fille étrange, mais tu ne t’en rends pas compte, parce que tu t’habitues vite à toutes tes bizarreries, n’est-ce pas ? ça doit être bien, d’être habitué à soi-même… je ne suis pas, mais je ne supporte pas de me trouver avec mon non-être, surtout quand ce qui me fait être n’est pas là… alors je t’admire… parce que tu te supportes, et c’est quelque chose de difficile, n’est-ce pas ? 

« J’ai du respect pour toi… »

C’est tellement dure de se supporter soi-même… Je ne pourrais pas me supporter, si j’avais le choix… s’il ne risquait pas de venir… s’il ne risquait pas de me réclamer… il est un ange, alors, s’il me demande, je serais toujours là pour lui. Quoi qu’on en dise, toutes les créatures de Dieu, bonnes ou mauvaises, le servent à leur manière. Ainsi, je devrais servir de jouet pour le meilleur de ses anges. J’ai été conçue pour le désirer au plus profond de moi, n’est-ce pas ? 

« Non »

Quelque chose se brise en moi. Je sens mes yeux qui s’écarquillent. Ce n’est qu’un mot, un mot tout petit, trois petites lettres. Je sens que mes yeux s’ouvrent comme mon cœur se déchire. Non ? Mais… si je ne suis pas faite pour lui… alors pourquoi ? ça ne fait aucun sens… 

« je veux dire… »

Je m’en fiche, de ce que tu veux dire ! Enfin… il ne peut pas être autre chose que nécessaire, pour moi. Tu comprends ? Non, évidemment que non. Tu es un enfant de Dieu, il t’aime, il t’adore. Tu ne peux pas comprendre ! Le seul dessein qu’il peut avoir, pour un monstre comme moi, c’est de soutenir un ange, un enfant qu’il aime de tout son cœur, de toute sa bonté divine et infinie ! Il ne peut que me demander d’être un jouet, une chose que l’on torture et que l’on rejette ! Une chose que l’on a de la peine à aimer ! Parce que je ne suis pas ! Je n’existe que pour lui ! Tu ne comprendras jamais cette chose simple : je ne suis personne, tant que Roydon ne me regarde pas…

« Je vois du flou à la place de ton visage »

Que dis-tu ? Tu t’es encore égaré, il me semble… mais soit, pourquoi dis-tu cela ? Du flou ? Comment ça ? Je ne comprends pas vraiment… Tu veux dire… que mon visage est flou ? Sans doute… je ne suis personne, après tout. Pourtant, la plupart du temps, j’ai le visage de quelqu’un d’autre… ce que tu dis me semble étrange… je ne sais pas ce que cela peut signifier… qu’est-ce que le Seigneur t’a donné, comme don, pour que tu me voies tel que je suis : absente ? 

« Enfin sache que tu ne dois pas me respecter »

Je sais, je ne dois respecter personne, inutile de continuer. Pour respecter il faut admettre une existence égale et, visiblement, tu existes bien plus que moi. Donc je dois t’admirer, et non te respecter. C’est ainsi qu’on me l’a expliquée… pourtant… j’ai toujours du mal… parce que je suis tellement inférieure à tout le monde… c’est vraiment difficile, pour un monstre, d’admirer les humains… ça fait tellement mal. 

« je n’ai point le droit à ce genre de choses. »

L’admiration ? Bien-sûre que si, ne t’en fais pas ! Si Dieu t’a donné un visage sans m’en donner un, c’est pour que je t’admire, puisque tu es ma supérieur. Voyons, cela est évident, n’est-ce pas ? Tu ne devrais pas faire ce genre de manières avec un monstre comme moi… je suis horrible, monstrueuse, maudite et je passe pour une gentille fille… mais c’est faux… personne ne peut m’admirer ou me respecter, parce que je suis moins que tout, moins que tous le monde… 

« Je suis une fille horrible »

Sans doute. Les enfants de Dieu n’apprécient pas le mensonge autant que les monstres, alors tu ne dois pas me mentir… mais, si tu es horrible, que suis-je ? Monstre est encore trop faible, sans doute… je suis habitée du mal… et ce n’est pas qu’une excuse, puisque je ne lutte pas réellement contre lui. Je souffre, le mal me tue et détruit ce qui m’entoure… et je fais semblant de me soigner et je plonge encore dans le vice et le péché, et l’égoïsme et l’acédie. Je ne suis rien de plus qu’un monstre, je suis sans doute bien moins que cela… alors, même si vous êtes horrible, je suis sans aucun doute quelqu’un de pire que vous. 

« ma famille m’a enfermée des années car j’étais dangereuse »

J’ai tué ma famille, déchiré les gens qui m’ont recueilli et brisé des foyers avec lesquels je n’avais pas le moindre lien. Ma mère m’enfermait, enfant, pour que je sois son époux. Elle savait la souffrance que ça représenterait pour quiconque, de me voir. Elle s’est donné la mort à cause de moi. Ma Tante m’a envoyé ici parce que je suis dangereuse, pour se débarrasser de moi. Tout le monde me déteste ! 

« et ils avaient raison… »

Je le sais… J’ai toujours fini par les briser, par les faire souffrir, par les détruire… je suis un monstre tellement horrible que je n’ai pas le droit d’être réellement, tant je représente un danger… je suis une aberration… je ne devrais pas avoir le droit d’être… 

« je les ai tués »

De qui parlez-vous ? Il n’est vraiment pas simple de suivre votre discours décousu… je ne comprends pas… est-ce une question de langage ? Ai-je trop de lacune en français ? 

« tous »

Je vois. Mon français est-il si terrible ? Bien. Je comprends. 

« et j’ai volé tous ce qu’ils avaient sur eux. »

Vous avez volé ? Effectivement, cela est un pêché grave. Mais Dieu vous aime et vous êtes sa fille. Une dois confessée, il vous pardonnera. Qu’est-ce qu’un vol, à côté de la disgrâce que le seigneur a envers moi ? 

« et j’ai fait de même à des dizaines, des centaines d’innocents. »

Personne n’est vraiment innocent, très chère. Pour autant, je n’ai jamais connu qui que ce soit de réellement coupable, sinon moi-même. De quoi vous inquiétez-vous ? Vous avez l’amour de Dieu, et cet amour est plus fort que tous vos crimes ! 

« tous morts par ma main. »

Tuer ses propres péchés est une bonne chose. Vous avez lavé vos vols, n’est-ce pas ? Ainsi, une fois confessés, plus rien ne vous sépare de la rédemption. Dieu vous aime et vous pardonne. Il ne m’a jamais aimé ou pardonner. Il a espéré en moi, et cet espoir a été trahi par tout le vice que je renferme, par toute mon infamie dégoutante. 

Peu importe que tu caches ton visage, tu continues d’en avoir un. Cacher son visage au Seigneur est inutile, crois-moi. Moi qui ne suis même pas un être, il me trouve et me donne des chances, il me punit de mes erreurs. Peu importe ta honte ou ton jugement, car seul celui de Dieu compte. Si tu es ici, c’est pour apprendre comment t’excuser auprès de Dieu, et 

« Dieu n’aime pas qu’on cache son visage »

Il préfère qu’on se montre, nu dans nos crimes, nu dans notre vice. Il veut nous voir, plein et entier dans notre infamie et dans notre bonté, il veut nous voir vertueux et vicié, il veut nous connaître vraiment et profondément. Jamais tu ne peux te cacher de Dieu. Jamais tu ne dois te cacher devant lui, puisqu’il sait déjà qui tu es, et il ne se méprendra jamais sur ton jugement.
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Sally Whispers
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Pouvoir : [Passif] Quand on regarde Sally, on voit la personne à laquelle on tient le plus au monde. Cette personne peut être une fille ou un garçon, jeune ou vieille, vivante ou morte, peu importe. Cette personne porte les vêtements de Sally. L'illusion n'est qu'une image, au touché, Sally est toujours Sally. ça ne fonctionne pas sur les photo/vidéos. ça fonctionne sur les reflets. La voix et les expressions sont celles de Sally.
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Sally Whispers
Sam 23 Fév - 14:47
http://la-voix-des-dolorey.forumactif.com/f87-bloc-de-sally-whispers http://la-voix-des-dolorey.forumactif.com/t40-sally-mal-aimee
La soirée d'intégration improvisée
L'eau s'arrête de couler du pommeau de métal. Pourtant, elle s'écoule toujours sur mon visage, par torrent froids et salés. Ton souvenir déborde de mes yeux enflés. La douleur s'échappe de mon regard, fluidifiée. Mon âme s'y infiltre, lentement, par petites part, fuyant le monstre que je deviens loin de toi. La douleur que je ressens est trop forte. Elle grandit en moi pour me déchirer, pour bloquer mon souffle dans mes côtes, pour me déchirer le cœur dans ma poitrine, pour me faire taire dans ma gorge, pour m'affamer dans mon ventre. Ce n'est pas la douce et merveilleuse douleur que tu m'as apprise. Ce n'est pas cette douleur que j'aime. La douleur qui grandit en moi détruit ton travail, m'éloigne de mes ailes d'anges, m'éloigne de la rédemption. Cette douleur m'éloigne de toi. Cette douleur, là, en moi, fais de moi un monstre… Et évidemment, mon aimé, je veux m'enfuir. Je veux t'obéir, me batte pour ce Dieu si puissant. Mais le malin joue de ton absence et grandit autour de moi. Il me claustre dans une cage de peine. Il m'écrase et me transperce de l'extérieur. Je ne peux rien faire contre ton absence, contre ce manque qui me rend malsaine…

La serviette rugueuse rappe ma peau irritée plus violemment que les lames que tu essayais sur mon dos. Elle aspire l'eau et me déchire la peau, elle s'affaire à rouvrir les plaies qui se refermaient. L'éponge me tue et cette douleur me rappel nos moments et inonde mon visage. Sais-tu  ce que c'est, que de vivre sans toi ? Sais-tu que tout autour de moi est devenu une arme pour mon cœur… Chaque petit objet renferme un fragment de nous, de notre histoire. Chaque fois que je les approche, que je les frôle, notre histoire me bondit au visage, et les griffes de ton absence me déchirent. J'ai été une mauvaise fille… sinon, pourquoi serais-tu parti ? Pourquoi maman ? L'eau quitte ma peau et mes cheveux s'emmêlent, ils sont étirés et la douleur me rappel à quel point j'ai échoué. Mes muscles s'étirent douloureusement et ma peau s'écorche. Rougie, je laisse tomber ma serviette sur un banc, tremblante.

Le tissus se glisse sur moi, couche à couche, et cache mes plaies. Mes larmes ramènent à ma peau l'eau dérobée et ton souvenirs me hante encore. Alors que mon corset se resserre sur ma taille, j'entends l'écho de ta voix, déformé par ces cinq mois sois l'entendre réellement. Je t'entends me féliciter d'avoir encore pu le serrer un peu plus, je t'entends me féliciter de n'être plus qu'os et peau, avec un peu de fluide et quelques organes. Je t'entends me féliciter d'être un monstre souffrant, un monstre qui lutte. Je t'entends me dire à quoi je ressemble et je pleure, parce que cette pilosité rousse courant sur mes bras n'est pas à moi.

Je me regarde dans ta direction et je te vois sur le mur. Je te vois dans ces vêtements que je porte et j'ai mal, parce que tu n'es plus qu'une image. Voilà cinq mois que tu n'es qu'une image. Voilà cinq mois que, chaque fois que mes yeux se ferment, tu es là, dormant dans ta peine, en Allemagne. Voilà cinq mois que mon monde s'est effondré, cinq mois que je sais qu'il n'y a plus d'espoir de le réparer. Et là, ton corps abîmé est là, en face de moi, son image humide me fixe, les yeux enflés. Je le fixe et voit les cicatrices enfoncées dans mon image, et je te vois te fondre en moi. Je suis toi, quand je me regarde, et j'ai peur que tu subisse mon mal, puisqu'il est si différent de tous les autres. Je t'en prie, dis-moi que tout va bien, que tu te sens mieux… dis-moi que tu ira mieux…

J'ouvre la longue boîte beige avec la sensation étrange qu'une aiguille à tricoter s'était enfoncé dans ma poitrine. Je vois le tissus noir et rouge qu'elle renferme et je pleure. Tu l'as commandé, avant de t'effondrer. Je l'ai reçue, voilà une toute petite semaine. Elle était là, dormant dans la boite fermée. Je ne pouvais pas la voir, mais tu aurais voulu que je mette quelque chose de nouveau, non ? Je la regarde et je te vois sourire en expliquant au vendeur que tu voulais un noir de deuil et le rouge de tes yeux, et le violet des miens. J'entends ta voix souriante, j'entends ton bonheur à l'idée de mon sourire et j'ai mal, parce que tout ça n'est plus que souvenir.

Mes jambes me lâchent, frappées à grand coups par la peine, endormies par les illusions. Elles claquent contre le carrelage et lance, tel une vague, une douleur qui se repend jusque dans mes dents. Mes yeux s'ouvrent plus grand alors que je m'effondre. Les larmes, lourdes, s'enchaînent. Mon cri est toujours prisonnier, mais je le sens frapper de toutes ses forces à la porte de ma retenue. J'ai mal et c'est tout ce qui existe, maintenant. Ça, et ton visage à quelque centimètres du mien. Il y a ces larmes sur tes joues, il y a tes yeux qui sont rouges et enflés, il y a ton visage qui se déforme. Il y a ta douleur sur mon reflet, et ça me brise. Je ne sais même pas si tu souffres réellement, ou si ce n'est que le reflet de ma peine. Je ne sais pas mais je souffre, parce qu'il y a ton visage et qu'il a l'air plein de douleur. Et je sens que cette douleur m'étrangle et grandit en moi. Je sens qu'elle me tire plus profondément dans un enfer que l'on réserve aux monstres. Ton absence est, ironiquement, ce qu'il me reste de plus précieux. Je reste là, alors, sur le sol, à te fixer sans m'arrêter de pleurer. Je t'entends me dire que tu m'aimes, que tu feras de moi un ange. Mais je t'entends murmurer que tu vas disparaître, et j'entends tous ces gens me dire que tu vas peut-être mourir, alors c'est moi qui meurt, dans mon cœur et dans mon âme.

Vivrais-je encore, si tu ne m'avais pas dit de t'attendre ?

J'enfile la robe, qui me semble toute mignonne. A quoi elle peut bien ressembler, sur moi ? Je vois ta pilosité rousse jurer avec ses manches . Je te voix dans cette robe qui est de toi, et je meurs encore. Quelque part, quand je sens sa chaleur tiède, c'est toi que je sens. Je t'entends la commander. Quand je la porte, je sais qu'elle est là, de toi pour moi, qu'elle est un fragment de ton cœur, de ce que tu m'offres de toi. Quand je la porte, c'est comme si tes mains caleuses entouraient mes épaules pour me rassurer. Quand je la porte, c'est comme si tu m'enserrais. Quand je la porte, c'est comme si tu étais là, tout simplement. C'est comme si… juste comme si… parce que tu n'es pas là et tu ne peux pas l'être. Tu ne le sera plus, peut-être plus jamais, alors je ne peux rien faire sinon pleurer, t'appeler en vain, crier ton nom, que tu n'entendras jamais. Je t'aime.

***

La salle de jeux n'a pas été compliquée à trouver. En trois mois, je ne suis pas sortie une fois. Pourtant, j'ai été contrainte d'arpenter encore et encore les couloirs du pensionnat. Alors c'était simple, sans compter que les indications de Sylvelie étaient simples à suivre.

Pourtant, la fête était difficile à rejoindre. Entre moi et elle se tenait toujours cette lourde porte de bois. Il y avait cette poignée d'argent, cette serrure polie où se reflétait ton regard encore éploré. Il y avait cette image de toi qui me manque et qui pleure. Et surtout, il y avait qu'il était déjà 14h15… j'étais en retard, et il serait sans doute mal-venu d'entrer.
Oui, je devrais partir, peut-être... je ne sais pas comment sont les français, mais Tante Shirley veut que l'on soit toujours à l'heure aux fêtes... elle aurait été très en colère... non ? Tes yeux rouges, emplis d'inquiétude, me donnent raison, sur la poignée de porte. 

« Sally ! »

Je me retourne par réflexe. Dans le mouvement je ne distingue pas grand chose, mais je connais cette voix... 

« Comment vas-tu ? »

La femme qui la porte est plus grande que moi, avec des cheveux rouges poursuivant sa silhouette, une peau digne des plus jolies poupées de porcelaines et des yeux d'un violet envoûtant. Ses yeux semblaient être ceux de ma famille... C'était comme un signe du Destin scintillant sur son visage majestueux, un signe que nous devions être plus proches, toutes les deux. Elle était si belle... si parfaite, dans cette robe qui la mettait en valeur comme aucun autre vêtement jusque maintenant. 

« Je ne t'ai pas beaucoup croisée depuis ton arrivée. »

Pas beaucoup est un doux euphémisme, ma douce adorée... je me souviendrais de chacun de vos passages dans ma vie comme des moments plus doux, plus magiques et plus précieux que tous les autres. Malheureusement, ces moments sont aussi les plus rare... je ne puis comprendre comment je fais, pour vous oublier si vite. Vous êtes un ange tombé du ciel face à mon regard, et je ne saurais respirer une seconde sans vous, alors comment fais-je, quand vous disparaissez simplement ? 

« Heu... »

Les mots s'échappent et me fuient, comme le font mes larmes d'habitudes. Mon corps se secoue de tremblements, sous le choc électrique de nos regards qui se croisent soudain. Je vous vois et je vous contemple, silencieuse, tandis que ma bouche s'assèche. Je sens dans ma poitrine mon cœur qui bat, frappant comme s'il essayait de vous atteindre, que vous l'entendiez et que vous le libériez. Je sens que mon souffle s'arrête et je rêve d'un contact, ne serais-ce que de vous effleurer. Mais je ne saurais vous corrompre de la sorte, vous la femme que j'adore plus que je ne m'aimerais jamais. Je vous voit sourire, prête à passer une superbe soirée et mon monde se met à trembler avec moi. 

« Vous m'avez manqué... »

Je ne saurais vous dire comment je me sens en ce moment, ma douce adorée... mon cœur et mon corps sont face à une situation nouvelle, aussi forte qu'un ouragan. Entre nous, il y a ce magnétisme chimique et magique, il y a cette force indéfinissable. La sentez-vous aussi, cette émotion qui me transperce ? Je souffre et je me réjouis de vous voir. Comme vous êtes belle, comme vous êtes bonne et comme je suis sale. Vous êtes un ange comme j'en ai connu deux déjà, mais je suis un monstre et je ne vous causerais que tracas... vous le savez, n'est-ce pas ?
Oui. Vous le savez. Évidemment... comment aurais-je pu simplement espérer autre chose ? Je ne suis qu'un monstre, après tout... les anges de votre stature devraient être protégés de vous... n'est-ce pas ? Ils devraient... alors c'est ça... vous vous défendez de moi ? Est-ce la signification de votre silence, la signification de ce temps que vous passez à me faire attendre une réponse qui ne viendra jamais ? Voulez-vous me faire comprendre qu'il me faut partir, m'éloigner de votre cœur de cristal et de votre peau de diamant ? Sans doute...

« C'est bien ici la fête, »

La voix essoufflé me fait bondir de peur. Tournant sur mes talons, j'ai du mal à garder l’équilibre, sur le point de m'évanouir, comme mes sentiments pour cette femme. Je ne comprends pas bien ce qui s'est passé, mais un jeune garçon a parlé. Il avait l'air épuisé, comme s'il avait courru pendant plusieurs minutes. Je le regardais, perdue. 

« Dites moi que je ne me suis pas trompé. »

Est-ce une sorte d'ordre ? Parce que je ne peux recevoir des ordres que de Roydon. Même si... j'ai à nouveau été prête à obéir à quelqu'un d'autre... comme s'il suffisait de quelques mois pour que je le trahisse, comme s'il suffisait de quelque mois pour que plus rien ne compte... comme si... comme si je pouvais l'oublier, oublier la peine. 
Mince ! 
Je suis sensé parler, mais une larme s'échappe, la coquine.

« J'en peux plus de chercher »

De quoi parle-t-il ? Je n'en ai aucune idée... les gens pensent et finissent en disant des mots. Ils pensent sans douce qu'on est là, dans leur esprit. Mais, même quand on peut leur dire tout ce qu'on veut, on ne les entend pas. J'en reviens à toi, c'est ça, Roydon ? Je t'aime. Mes larmes fuient le monstre que je suis, capable de t'oublier, même pour un instant. Comme je suis affreuse... sais-tu que je t'oublie pour oublier ma peine ? Ça doit être ça... chaque fois... pendant une seconde, je n'ai plus cette lame qui remue dans mon ventre... chaque fois, je respire une bouffée d'air... chaque fois... je peux arrêter de sentir mon cœur pressé comme pour en sortir le jus. Chaque fois... chaque fois je fuis ton manque, simplement, il disparaît pour un instant et reviens, plus fort, plus tranchant, plus malsain. 

Je suis un monstre. Qui est ce garçon, face à moi, qui me regarde ? Que pense-t-il ? Que voit-il ? Est-ce que je lui rappel de mauvais souvenirs ? Est-ce qu'il peut voir que je suis un monstre ? Pourquoi tu n'es pas là pour lui dire que j'existe ? Pourquoi tu n'es pas là pour me faire exister ?

« Bonjour... »

Les larmes accélèrent et ma gorge se noue, comme pour couper court à ma parole. Je ne peux pas te dire quoi que ce soit, je ne sais même pas ce que tu cherches... où en étions-nous ? 
« Il te demandait le chemin. »
Ta voix me fait sursauter, mon amour, tandis que je sens toujours ton souffle dans mon cou. Tes yeux rouge m'apparaissent dans mon esprit et j'ai peur. Ce n'est pas ta voix mais son souvenir... pourtant... tu ne me mentirais pas.

« Tu... tu cherches quelque chose ? »

Je n'arrive pas à savoir ce qu'il a dit... j'étais tellement surprise... il est venu, et j'étais en train d'oublier l'amour de toute ma vie, et il a parlé, et il a demandé... ah ! Pourquoi les monstres ne peuvent jamais se souvenir de rien ? Mais qui voudrait être dans ma mémoire, de toute façon ? Qui peut bien en avoir quoi que ce soit à faire... je regarde ce garçon et attend sa réponse, simplement. Je le fixe et je le vois : il souffle. L'image fausse et terrible que je renvoyais te transperçait le cœur. Que crois-tu ? Qui suis-je ? Je n'ai aucun moyen de le savoir... Alors j'aurais dû mettre un masque... j'aurais dû me cacher, ne pas venir... je suis tellement mauvaise... je suis tellement négative... mon visage, à lui seul, répand douleur et mal-être. N'est-ce pas un signe ? Depuis ma naissance, je fais du mal. Depuis le premier jour de ma vie, je n'apporte que la douleur. 

« Comment... »

Excellente question... ça arrive à pas mal de monde ici, paraît-il. Au moins, la plupart ne sont pas exactement comme moi... ils sont... ils sont moins mauvais... ils sont meilleurs... ils ne font pas tant de mal... Leur pouvoir ne pousse pas leur mère à la mort... ce n'est pas ta faute, tu es ma victime. Tu n'as rien fait, c'est plus fort que moi... je suis naturellement un monstre... je ne serais jamais un ange, en fait...

« Qu'est-ce qui se passe ? »

L'ange qui devait m'offrir la rédemption est parti, à cause de moi. Et... il se passe que je ne suis plus, plus du tout, plus rien. Tu me vois mais ce n'est pas mon visage, c'est cette personne que tu connais, que tu aimes. C'est cette personne qui tu aimerais voir ici, tellement plus que tu ne veux me voir. Je devrais disparaître plutôt que te rappeler ton absence. Le papier contre mon cœur me hurle de courir. Pourtant, je n'en ai pas le droit. Sylvelie connaît Tante Shirley, et elle voudra m'y voir, à cette fête... c'est important pour elle...

« Je... »

Tu... ? Les gens de nos jours ont tendances à dire des choses insensées... Ils parlent sans être compris... 

« Je suis donc mort... »

Ce que tu dis n'a aucun sens... tu le sais... non ? Si tu es ici, tu ne peux pas être mort. J'ai connu beaucoup de morts, et ils ne reviennent jamais au milieu des vivants, sinon par le billet de mon visage. Que vois-tu, pour te penser mort ? Suis-je un de tes proches mort ? Alors il serait plus juste de dire que tu le rejoindra... c'est ce qu'ils font tous... n'est-ce pas ? Enfin, quand ils me voient assez... Tante Shriley ne voulait pas de ça, avant, elle ne voulait pas m'imposer au monde...

« Je vais saluer mon ami »

Cette voix, j'ai envie de regarder vers elle, comme par réflexe. Pourtant, je sais que si je me retourne, je vais l'oublier, alors je ferme violemment mes yeux. Seul mes larmes fugitives parviennent à traverser cette barrière de paupière, tandis que je m'interdis ma présence au milieu de ces gens. J'ai mal. Chaque fois que je ferme les yeux, la couleur rouge que prend le paysage lumineux me rappel tes yeux. Chaque fois, je pense à ton regard de sang. Chaque fois, je t'aime plus douloureusement. 

« Je vous revois à l'intérieur. »

Elle ment. Elle ment. Il ne peut en être autrement, puisqu'on ne peut me voir. Elle ment. Elle reverra cette personne à qui elle tient. Elle ne me verra pas. Sans doute me reconnaîtra-t-elle, puisqu'elle a l'air d'avoir appris à le faire. Mais elle ne me verra pas. Personne ne me vois. Personne à part Roydon, à part cette démone à qui je donnerais des elles d'ange, à part eux deux. 

« Alors les déesses existent aussi ? »

Que dis-t-il ? Quelqu'un d'autre est arrivé, avec un autre pouvoir ? Je ne comprends pas. Pourquoi tout le monde est tellement incohérent. Je ne comprends pas... quoi qu'il en soit, je devrais rentrer. Il n'a pas l'air de vouloir me parler, de toute façon...
Oui, si je rentrais, tout le monde irait mieux. Il ne veux pas me voir. Je lui fais mal. Je le détruis comme je t'ai détruit. Je t'aime et ton amour était pour le monde. Tu ne voulais pas que je vois d'autre personnes, parce que tu ne voulais pas que je détruise d'autres personnes... tu étais bon. Tante Shirley et les autre ont beau dire que tu me voulais pour moi, que tu étais égoïste, ils avaient tort. Tu voulais me supporter toute entière, pour que personne d'autre n'ait à le faire. 

« Mais... »

Il n'y a pas de mais ! Il était bon ! Quand il était là, tu ne voyais pas cette image de souffrance ! Tu ne me connaissais pas et tout allait mieux ! Ose me dire que ta vie n'est pas devenu un enfer quand il est tombé ! Ose me dire que ta vie n'a pas été bousculé ! Il était merveilleux ! C'était un ange et son rayonnement touchait, au moins, toute l'Europe ! Si tu ne t'en rends pas compte, alors tu es un monstre encore pire que moi ! Mais d'abord, qu'est-ce que tu vois de si terrible, hein ?

« Maman... »

Maman ? Tu ne peux pas, idiot, ma mère est morte. A moins que tu ne parles de la tienne ? Ou tu parlerais d'un mort ? Tu parles d'une maman et elle est morte ? Tu n'es pas précis, tu as de la chance que je sois intelligente, tu sais ? Bon. Alors, je suis une femme. Aimes-tu cette mère ? Elle a l'air de te faire du mal... sans doute voulait-elle ton sourire, sinon ton regard ne souffrirais pas tant. Alors toi aussi, comme un idiot, tu as tué une personne qui voulait ton bien ? 

« Qu'est ce qu'il se passe... »

Eh bien... J'ai volé cette femme à ta mémoire... je suis un monstre, vois-tu... Je devine ce qui te blesse et je le deviens. Au fond de mon cœur je ne veux que le mal. Je suis un monstre, une chose horrible qu'on devrait enfermer... j'étais enfermée ! Il se passe qu'il est tombé... l'ange qui veillait sur toi et sur tous les hommes, l'ange qui enfermait le monstre que je suis, l'ange que j'aime... il est tombé et maintenant il dort trop profondément. 

« Je t'en prie... »

Je m'arrête, dans mon lent mouvement d'éloignement. Pourquoi prier un monstre, quand tu es aimé par un Dieu parfait ? Pourquoi trahis-tu ton dieux ? Simplement pour une mère ? Quel genre d'humain es-tu au juste ? Je plonge mon regard dans tes larmes naissante et je sens la souffrance que j'insère dans ton cœur. J'ai mal, tu sais, parce que, entourée et étouffée par ce monstre que je suis peu à peu devenue, il y a une petite fille. Roydon ne voyait que ça en mois, il voyait la fille qui pleurait, qui devait être libérée. Il m'aimait et il voulait me sauver... mais toi, tu ne le sais pas... quand tu prie cette chose qui me parasite, je souffre de t'inspirer un tel blasphème...

« Tu ne peux pas partir et ne jamais revenir... »

Quoi ? Pourquoi ? Il doit s'en aller ! Pourquoi tu veux que ce monstre reste dans mon cœur, ce monstre qui te montre ces images fausses ? Je ne comprends pas...tu ne devrais pas... tu ne sais pas... ce monstre est comme ça... tu crois que tu l'aimes mais c'est faux... tu crois qu'il t'aidera, que la peine sera moins forte, que tu souffriras moins... pourtant, tu vivras chaque jour face à cette chimère, face à ce rappel de cette perte terrible. Tu vivras chaque jour et te souviendras pourquoi tu as mal. Tu vivras ta vie en te souvenant toujours et encore de ta peine. Tu ne peux pas souhaiter qu'il ne disparaisse jamais ! Tu ne le sais pas encore mais il te tue, lentement. Ne détruis pas le travail de ton créateur ! Qui es-tu, pauvre humain, pour considérer qu'un monstre est plus sain à ton cœur que ton Dieu ? Tu n'es personne pour décider cela ! 

« J'ai besoin de toi. »

A qui parles-tu ? S'il était là, je serais là sans le monstre... mais il est parti et le monstre me le rappel, mesquinement. Tu ne sais pas ce que c'est de vivre ta vie en voyant le point culminant de ton amour, tordu de douleur. Tu ne sais pas ce que c'est de vivre avec ce monstre qui te rappel que tous cauchemars viennent de toi. Tu ne sais pas ce que c'est... alors je t'en prie, cesse de me mentir... je n'en peux plus... j'ai mal... Les larmes sont trop rapides et je n'en peux plus. Je ressens son absence au plus profond de ma chaire. Il est là, couché, quelque part et il soufre et je meurs. 

« Tu mens... »

Il a besoin de moi. Il est le seul à mériter cette voix déchirée et inaudible que je t'offre... il est le seul qui devrait voir mes mains gantés cacher mon visage, mes jambes de coton trembler. Il est le seul qui devrait porter ce fardeau... mais tu es là et tu désir ce démon. Tu ne sais pas, tu ne comprends pas le mal qu'il représente et tu veux voler cet héritage. Tu ne peux pas. Tu n'es pas Roydon et tu ne le sera jamais. Parce que j'ai mis fin à la vie de Roydon, parce qu'il n'est plus là...

« Il te mens alors tu te trompes... »

Mais Roydon n'est pas là pour te dire la vérité alors ça ne sera jamais réparé... tu comprends... ? Tu me mens mais tu ne sais pas... tu me mens et tu te trompes... Tu n'as pas besoin de moi mais de me fuir... je suis le problème et non la solution... tu devais le savoir... tu devrais me fuir... tu devrais... mais tu ne le fais pas...
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